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En 2021, Immo2 se rapproche des acteurs de l’immobilier pour qu’ils nous délivrent leur vision du secteur. Au programme, une série d’interviews qui nous permettent de mettre en avant les entreprises et les personnalités qui font vivre l’immobilier. On commence avec Raphael Bochner, fondateur de SweepBright, un logiciel immobilier qui mise notamment sur sa proposition nomade et son ouverture aux autres outils du secteur. Entreprendre dans l’immobilier par les temps qui courent, cela correspond à quoi? Comment les professionnels peuvent-ils tirer leur épingle du jeu en 2021? Quel avenir pour le marché des logiciels de transaction immobilières ? On s’intéresse à tout ça dans la suite de cet entretien.
Comment entreprendre dans l’immobilier en 2021?
Lancée en 2016, SweepBright est une entreprise jeune, qui s’attaque actuellement à de nouveaux territoires. Nous avons donc profité de notre entretien pour revenir sur le parcours d’un entrepreneur dans l’immobilier. Avec une question principale en toile de fond : comment s’attaque-t-on à un marché aussi concurrentiel que l’immobilier?
Différenciateur, connaissance du marché et opportunité : le combo gagnant de l’entrepreneur immobilier
« Le défi, c’est de déterminer très précisément le différenciateur. C’est-à-dire un élément identifié et particulièrement absent chez les acteurs en place du marché ». Marché concurrentiel ou pas, on voit que l’important pour un entrepreneur est de savoir construire sa proposition autour d’une problématique identifiée et de sa résolution.
Pour identifier et résoudre une problématique forte, et ainsi concurrencer des acteurs historiques, il convient de connaître le marché sur lequel on s’implante. Raphael évolue dans l’immobilier depuis de nombreuses années et les problèmes qu’il aborde sont ceux qu’il a rencontrés. « Cette observation provient de ma propre expérience dans l’immobilier. J’ai été confronté à des manquements d’efficacité dans le parcours agence, des pertes de temps. Avec un dénominateur commun : le besoin d’être au bureau. »
Autre élément extrêmement important pour l’entrepreneur lorsqu’on se lance : l’opportunité de marché. « En 2016, quand on a commencé à imaginer notre solution, le smartphone devenait vraiment prépondérant. L’infrastructure et le parc installés de smartphones étaient assez conséquents pour proposer une solution efficace. Le public était également sensibilisé à l’utilisation de ces terminaux, notamment dans le domaine professionnel ».
Développer une philosophie et la concrétiser
Lorsqu’on questionne le fondateur de SweepBright sur ce qui le différencie concrètement des acteurs historiques du marché des logiciels de transaction, il ne revient pas sur des fonctionnalités, mais sur des visions.
Pour lui, le nomadisme est une composante importante de sa solution, car c’est la réponse au frein qu’il a identifié. Et de cette composante est apparu un ensemble de contraintes et de briques à mettre en place pour construire sa solution.
Qui dit nomadisme, dit mobile. Mais qui dit application mobile, dit forcément simplicité. En effet, sur ces devices, le temps de concentration est réduit et les écrans sont plus petits. Il a donc fallu faire au plus simple pour apporter une réelle solution aux problèmes que l’entrepreneur avait identifiés.
De cette simplicité naît d’autres besoins : celui d’ouvrir un maximum la solution pour optimiser les étapes de saisie d’informations. Cela tombe sous le sens : je cherche à simplifier le parcours de mes clients, je ne vais pas leur faire saisir deux fois les mêmes informations. Pour cela, il faut forcément que la plateforme soit développée pour fonctionner en synergie avec d’autres applications.
On voit ici que d’un simple problème identifié, c’est tout un tas d’idées et de philosophies qu’il faut s’approprier en tant qu’entrepreneur. De façon à développer une solution cohérente en tout point, du problème résolu aux fonctionnalités proposées, en passant par le développement futur du service.
Français, Belges, Anglais… les agents immobiliers n’ont pas le même maillot, mais ont tous le même métier
Puisque j’étais face à un entrepreneur qui a développé sa solution sur plusieurs territoires, je me suis intéressé à la question de l’internationalisation dans l’immobilier. En effet, SweepBright est actuellement en place sur les marchés belge, français et anglais.
Pour le fondateur, il n’y a pas de différence à proprement parler entre les professionnels. Les différences interviennent du côté de la législation, mais « fondamentalement, le travail d’un agent immobilier est le même, qu’on soit en France, en Belgique ou en Angleterre ». Un constat rassurant, car cela signifie que les préoccupations des clients immobiliers sont universelles et qu’il faudra toujours quelqu’un pour les résoudre.
Les tendances du marché des logiciels immobiliers sur l’année 2021
En 2020, le marché a dû apprendre pour évoluer
Forcément, la question de la crise de 2020 et de son impact sur le marché des logiciels est venue sur le tapis. Pour le CEO de SweepBright, la crise a été l’occasion pour les professionnels de l’immobilier de s’emparer de la problématique de la dématérialisation. Ceux qui étaient déjà sensibilisés ont pu poursuivre leur appropriation du numérique tandis que les autres ont dû rapidement prendre le train en marche.
Dans cette situation, lorsqu’on est prestataire de services, il est important d’accompagner les professionnels et le marché, nous explique Raphael. Sa société a mis en place un ensemble de leviers, tels que des webinaires, pour éduquer les professionnels aux enjeux du numérique. « L’idée était de les accompagner, de leur montrer ce qu’il était possible de réaliser et les amener à prendre des habitudes vertueuses en matière de numérique ».
Dans ces périodes de crise, on voit que les prestataires ont un rôle d’accompagnement et d’adaptation pour aider les professionnels sur le terrain à surmonter les aléas. En 2020, cela passait par l’éducation à la dématérialisation et la mise en place de fonctionnalités permettant de poursuivre (autant que possible) l’activité.
Plus de fonctionnalités et moins d’actions à réaliser : l’avenir des logiciels immobiliers?
Pour notre expert, dans les prochains mois, le secteur du logiciel immobilier va se concentrer sur la consolidation des fonctionnalités. « Il y a énormément d’applications qui existent sur le marché. Il va falloir se rapprocher les unes avec les autres, non pas pour créer une solution tout-en-un, mais bien pour continuer à répondre aux demandes des clients et pour développer certaines solutions sur de nouveaux territoires ». Cette consolidation, que l’on voit venir depuis maintenant quelque temps, est donc autant bénéfique pour les agents immobiliers que pour les prestataires qui peuvent, par ce biais, développer leur solution auprès d’une nouvelle manne d’utilisateurs.
Deuxième axe de développement fort du côté des logiciels, et forcément de SweepBright, puisque c’est la vision du fondateur qu’on récolte ici : l’automatisation. Une automatisation qui se concrétise sur des problématiques bien précises. Pour notre expert, l’idée n’est pas de dire : « vous pouvez tout faire », mais « voici une automatisation qui vous permet de réaliser telle action précise ».
Les professionnels sont demandeurs d’innovations, mais demandent encore à voir les bénéfices et concrétisations de ces propositions. Le marché est mûr pour adopter les technologies et outils relatifs à l’automatisation (dématérialisation accrue, intelligence artificielle, algorithmes de diffusion, etc.). Mais les prestataires doivent réaliser un travail d’accompagnement et d’éducation à ces problématiques.
Du côté de SweepBright, les équipes voient l’année 2021 comme étant l’année où leur positionnement sur les terminaux mobiles leur permettra de creuser l’écart sur cette thématique. Les professionnels de l’immobilier ont donc intégré les terminaux mobiles comme outils de travail, voire comme leur outil principal de travail.
Le professionnel de l’immobilier en 2021 : audience, innovations et suivi client
Comment être performant dans l’immobilier en 2021 (et dans les années qui suivent)?
Pour le fondateur de SweepBright, les professionnels de l’immobilier qui feront la différence en 2021, et dans les prochaines années, ce sont ceux qui réussiront à se créer et fédérer des audiences sur les supports qui ne sont pas encore asphyxiés par la concurrence. Il nous cite notamment en exemple Instagram, un réseau sur lequel il reste encore énormément de place selon lui.
« Il y a encore énormément de place sur Instagram et autres pour se créer une notoriété à moindre coût. Les professionnels doivent mettre en place des stratégies de contenu efficaces et différenciants pour cela et une plateforme comme Instagram n’est pas encore saturée. Normalement, se constituer une audience coûte très cher; ces plateformes permettent d’optimiser cette étape ».
En plus de l’accessibilité des plateformes telles que les réseaux sociaux, celles-ci permettent d’optimiser le ciblage des publicités et la diffusion des contenus qu’on produit. Une segmentation positive pour le ROI des campagnes publicitaires, mais aussi directement pour le professionnel, qui va pouvoir adresser un message très précis à une audience très précise… et ainsi améliorer l’efficacité de ses prises de parole et actions de génération de business.
On retiendra donc le conseil principal de notre expert : utiliser les nouvelles plateformes à notre disposition pour se créer une audience en utilisant du contenu différenciant.
Pour échapper aux conséquences de la crise sanitaire, les professionnels doivent apprendre à chercher à faire autrement, plutôt qu’à faire mieux
Forcément, je ne pouvais pas questionner un professionnel du secteur sur le développement des professionnels de l’immobilier sans aborder les conséquences de la crise qu’on vient de vivre.
Notre expert amorce son analyse avec un conseil qu’on a déjà répété de multiples fois dans nos articles : il va falloir revoir vos process. Mais Raphael va plus loin que ce constat. Pour lui, le problème est antérieur à la crise et celle-ci doit aider à le dépasser : « Les agences traditionnelles ont les mêmes méthodes de travail depuis des années. Les innovations apportées de ce côté-là ne sont pas assez fortes. Par exemple, la prise de rendez-vous. Aujourd’hui, on a fait beaucoup d’améliorations : il y a des standards, la découverte client est processisée… pourtant, cela reste de la prise de rendez-vous téléphonique. Alors qu’on pourrait automatiser tout cela, et surtout, proposer une toute nouvelle manière de faire ». Pour notre entrepreneur, le problème aujourd’hui est que tout le monde cherche à faire « mieux » plutôt qu’à faire « autrement ».
Pour appuyer ses propos, il nous prend l’exemple de Netflix et des chaînes câblées : les chaînes du câble ont tenté tant qu’elles pouvaient d’améliorer leur proposition, en proposant plus de chaînes, plus de contenus… mais là où elles ont perdu, c’est qu’elles n’ont pas proposé de nouvelles manières de consommer leurs contenus. Là où Netflix arrivait avec une nouvelle forme de consommation : la consommation à la demande.
Le suivi client automatisé : nerf de la guerre de l’innovation dans l’immobilier en 2021?
Interrogé sur les technologies qui devraient impacter l’immobilier dans les prochains mois et années (impossible d’échapper à cette question lorsque’on est interrogé par Immo2), le fondateur de SweepBright nous explique que, pour lui, les principaux chamboulements viendront du suivi automatisé des clients.
« Aujourd’hui, le candidat provient de tellement de canaux différents (portail, physique, téléphone…) que l’information se perd ». Une perte qui vient déprécier l’expérience client ainsi que les possibilités pour le professionnel. En automatisant un maximum le suivi client, en mettant en place des systèmes de captation et de relance automatisés, on peut proposer au client une expérience bien plus personnalisée. Tout en permettant au professionnel de se concentrer sur les tâches où sa valeur ajoutée se démarque.
« Pour moi, les prochaines technologies et applications qui vont jouer un rôle déterminant sont celles qui vont se concentrer sur le comportement du prospect et les actions à mettre en face de ce comportement ».
Raphael conclut son interview avec un conseil pour les lecteurs d’Immo2 : en 2021, il ne faudra surtout pas se reposer sur les acquis. Pour les nouveaux venus sur le marché, il y a de fortes opportunités. Mais débutants comme professionnels expérimentés doivent absolument chercher à réinventer les manières de faire. Vous devez apprendre à être agile et chercher à optimiser continuellement votre proposition.
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