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Le PISE, c’est le Prix de l’impact sociétal et environnemental décerné chaque automne à des entreprises innovantes et engagées dans le secteur de l’habitat. Que d’enthousiasme cette année devant le foisonnement et la qualité des solutions proposées par nos sociétés françaises ou suisses ! Le niveau n’a jamais été aussi élevé depuis la création du prix.

Après une sélection rigoureuse, 9 startups sont venues défendre mardi matin leur idée d’un immobilier plus durable au siège de Procivis. Les critères du jury ? Les preuves, seulement les preuves, sans promesse gonflée. Deux finalistes sont sortis du lot : Cycle Up et Kocliko, et une initiative a été un véritable coup de cœur : la Fondation 1% pour le sport. Les membres du jury passent désormais la main au public du RENT qui élira le 5 novembre son entreprise favorite.

Voici plus de détails sur ces finalistes pas comme les autres. Au programme : un back-market de la salle de bain, une innovation qui dérange les géants du comptage d’énergie et un champion olympique allié à un visionnaire qui veulent reconnecter l’immobilier avec le sport. Trois visions, une même conviction : innover autrement, c’est possible.

 I. CYCLE UP — Le back-market de la salle de bain

Selon le ministère de la transition écologique, la construction engendre 23% des émissions de gaz à effet de serre en France. Elle génère également presque à elle seule la totalité des 240 Mt de déchets minéraux de l’Hexagone (statistiques 2024 du SDES sur la production et le recyclage des déchets en France). Or, malgré les actions de l’État et de l’UE comme les lois AGEC ou CSRD, le secteur est encore bien loin d’être vertueux.

Il est donc urgent d’agir à grande échelle. C’est ce à quoi s’attelle la startup Cycle Up. Sa solution : une plateforme de réemploi de matériaux pour le BTP et des services dédiés à l’économie circulaire.

L’objectif de Cycle Up : 100% de réemploi des matériaux du BTP à l’échelle nationale

Concevoir un système de réemploi des matériaux de construction n’est pas une mince affaire. Il faut tout organiser : de la collecte à la réutilisation. C’est pourquoi Cycle Up a mis en place des équipes dédiées à chaque étape, à commencer par celles qui se rendent sur les chantiers pour identifier les matériaux qui peuvent être récupérés. Cela va des WC aux rambardes en passant par les dalles, la moquette ou bien encore les portes. Tous les types de matériaux donc, mais avec une attention particulière portée aux sanitaires (WC, lavabos, éviers, etc.). Ils sont ensuite reconditionnés et remis sur le marché via des partenaires ou une plateforme en ligne, comme cela se fait pour les téléphones et les ordinateurs. 

Une équipe entièrement dévouée à l’économie circulaire dans la construction

Mais ce n’est pas tout. La marketplace de Cycle Up met en lien les acteurs de la filière du BTP en publiant leurs annonces de matériaux de seconde main et des ressources à consulter gratuitement en ligne. La société accompagne aussi d’autres entreprises à travers des missions de conseils, de stockage, de transport et de recherche de matériaux.

Cerise sur le gâteau de la responsabilité sociétale, la startup s’engage dans l’insertion des personnes ayant des difficultés sociales ou professionnelles au sein de ses ateliers.

Des partenaires de taille

Depuis sa création en 2018, Cycle Up a su convaincre des acteurs de taille dans le secteur de la construction. Les produits issus de sa filière de reconditionnement sont par exemple en vente dans les magasins de distributeurs comme CEDEO, Leroy Merlin et Sider. La startup a également conseillé des groupes tels que SNCF immobilier, Sequano et Demathieu Bard Construction. Et elle s’est alliée à Acorus pour ouvrir son premier atelier à Noisy-le-Sec.

Si le jury de Procivis a sélectionné Cycle Up, c’est parce que ce dernier a fait ce que le BTP n’avait jamais osé faire : redonner une seconde vie à tous les matériaux, même les toilettes. Ici, les grands groupes ont su accepter l’innovation. Mais parfois cette dernière dérange. C’est le cas pour le deuxième finaliste : Kocliko.

II. KOCLIKO — L’innovation qui dérange

C’est une idée aussi bonne pour la planète que pour le portefeuille : améliorer les performances énergétiques des copropriétés. Et Koclico s’évertue à le faire depuis 8 ans. Mais certains grands groupes qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux acteurs lui mettent des bâtons dans les roues.

Une innovation invisible, mais redoutablement efficace

Parce que le chauffage constitue la plus grande partie des charges des ménages et qu’il représente 60% des émissions de CO₂ des bâtiments, Kocliko a décidé d’agir en se concentrant sur le chauffage collectif.

Son innovation : un outil de pilotage pour les syndics et les copropriétés. Mais ici pas de calcul au tantième avec des compteurs individuels, comme c’est le cas le plus souvent. Grâce à des sondes connectées et à un jumeau numérique thermique, adieu les vols de chaleur et bonjour l’individualisation des frais de chauffage en fonction de la situation du logement dans le bâtiment.

Des avantages pour les syndics, mais aussi pour les occupants

Si ce système s’avère plus juste, il est aussi plus écologique et plus simple à installer. Seulement 15 minutes sont nécessaires pour l’équiper dans un logement. De plus, les occupants ont accès à un tableau de bord pour voir où en sont les charges et même faire des simulations. Résultat : une moyenne de 21 % d’économies sur l’ensemble des 31 000 logements équipés et jusqu’à 27 % dans certains bâtiments.

Quand l’initiative d’une startup dérange les mastodontes

 A l’heure où la France gagne un nouveau prix Nobel de l’économie (Philippe Aghion), son message s’avère malheureusement auto-réalisateur : « l’économie européenne a généré pendant les 50 dernières années des mastodontes qui désormais en panne d’innovation et en perte de vitesse , utilisent tous les moyens pour défendre leurs business ce qui freine l’émergence de nouveaux acteurs : lobbying pour mise en place de réglementation contraignante pour augmenter les barrières à l’entrée, pression sur les nouveaux acteurs »

Kocliko en est la parfaite illustration. Alors que le réseau Procivis souhaitait faire l’expérimentation de la solution à travers son bailleur Aveyron habitat, une plainte d’un acteur traditionnel de comptage d’énergie a visé l’appel d’offres réglementaire pour ouvrir le marché à d’autres sociétés argumentant que « seul Kocliko » pouvait répondre à la demande. Une manière de retarder l’émergence d’un concurrent peu noble de la part d’un acteur qui se targue pourtant d’être un des leaders du comptage d’eau et de l’individualisation de charges.

C’est ce qui se passe parfois lorsque l’innovation se heurte à l’industrie et à la peur du changement. Mais Kocliko n’est pas prêt d’abandonner sa mission et continue d’essayer de lever les freins. Pendant ce temps, d’autres bâtissent des ponts, avec le même objectif : changer les choses. C’est le cas de David Douillet.

III. Fondation 1 % pour le sport — David Douillet et le 1 % qui fait bouger la France

On ne présente plus David Douillet. Ce champion olympique, député, ministre et entrepreneur, s’est allié à David Inquel pour créer la BAM Society et le label immobilier 1 % pour le sport à la suite de Paris 2024.

David Douillet présent au RENT 2025

Le champion de judo et de la politique viendra lui-même présenter son projet le 5 novembre 2025 au RENT 2025. Oui, lui-même, en tant qu’ambassadeur et figure emblématique du lien entre le sport et le reste de la société. Il transmettra un message fort auprès des acteurs de l’immobilier : en finançant le sport, ils financent également la santé, la cohésion et la vie de quartier. Il présentera aussi le fonctionnement de sa fondation 1 % pour le sport.

Un label qui lie sport et immobilier

En quoi consiste cette initiative reconnue d’utilité publique et coup de cœur de Procivis ?  Inciter les acteurs économiques, notamment dans le domaine immobilier, à dédier 1 % de leur chiffre d’affaires à des projets sportifs de proximité.

Dans le détail, l’argent est versé à la Fondation 1 % pour le sport qui le redistribue au tissu associatif en collaborant étroitement avec les villes. Ainsi, à Biscarrosse, 60 000€ ont été répartis entre différents clubs et associations sportives, plus particulièrement à destination de publics jeunes et handicapés.

Cela passe par différentes étapes pour une organisation sans accro : phase d’étude, appel d’offres, lancement des travaux, collecte des 1 % tout au long du projet et remise d’un certificat.

BAM Society : le premier promoteur labellisé

Afin d’initier le projet et prouver sa viabilité, David Inquel et David Douillet ont monté la BAM Society. En tant que promoteur immobilier, elle est à l’origine d’une résidence en coliving à Angers composée d’un dojo, de services du quotidien comme une laverie et un restaurant, mais aussi d’un jardin paysager. La conception, quant à elle, suit les règles d’écologie et de confort.

Cycle Up, Kocliko et 1 % pour le sport : Trois innovations, trois manières d’habiter le monde autrement.

L’innovation qui sert avant de briller

Cette édition du PISE rappelle que l’innovation, ce n’est pas seulement de la technologie. C’est avant tout une manière d’améliorer le quotidien, de vivre dans un monde meilleur. Et Procivis est là pour mettre en avant les plus belles initiatives. En cela, ce réseau collaboratif incarne l’innovation utile, territoriale et sociale.

On pensait que l’innovation était l’apanage des licornes. Cette année, elle est venue des toilettes, des chaufferies et des gymnases.

Et pour ceux qui voulaient connaître tous les demi-finalistes de cette année particulièrement prolifique en terme de qualité, voici la liste des 9 demi-finalistes du PISE 2025 :

  • Cactile : solution de toiture, façade ou clôture qui collecte et stocke l’eau de pluie. Transforme le bâtiment en réservoir pilotable et aide à la gestion des eaux pluviales urbaines.
  • Cycle Up : plateforme de réemploi de matériaux de construction pour le BTP. Met en relation les acteurs pour recycler/réutiliser des matériaux et favoriser l’économie circulaire.
  • AchatRéno : courtier pour l’achat immobilier intégrant la rénovation énergétique au financement. Accompagnement avec simulateur et intégration des aides publiques.
  • Kocliko : individualisation des frais de chauffage sans compteurs individuels dans le collectif. Répartition plus équitable et incitation à la sobriété énergétique.
  • Revolty : stockage d’énergie solaire via des batteries de « seconde vie » reconditionnées. Permet de stocker le surplus à moindre coût et avec une empreinte carbone réduite.
  • Rebuilt Easy : offre clé en main pour la rénovation énergétique : artisans, subventions, financement. Rémunération via le partage des économies d’énergie générées.
  • Kunagi : facilitation de projets urbains durables par la concertation et la co-construction. Accompagnement de promoteurs, collectivités et bailleurs sur des lieux centrés usages/humain.
  • Previo : alternative au viager pour les seniors. Jusqu’à 80 % de la valeur du logement versée tout en y restant à vie. Accompagnement pour la rénovation énergétique et l’adaptation du logement (bien vieillir).
  • BAM Society : label « 1 % pour le sport » qui incite les acteurs économiques, notamment dans l’immobilier, à engager 1 % de leur chiffre d’affaires vers des projets sportifs concrets.
Découvrez Les Finalistes Du Pise L’innovation Qui Dérange, Le Back Market De La Salle De Bain Et David Douillet

à propos

Article rédigé par Vincent Lecamus

Passionné par l'innovation, Vincent est en veille constante pour dénicher les technologies et tendances qui vont impacter le secteur immobilier. Quand Vincent n'est pas occupé comme journaliste sur Immobilier 2.0, il développe de nouveaux projets entrepreneuriaux et coach des ... Lire la suite

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