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Ce qui est intéressant, c’est l’approche et la maîtrise pure web de l’entreprise et de son dirigeant Clément Alteresco, que nous interrogeons aujourd’hui. Interview.

Vincent Lecamus : Salut, Clément. Cela fait un moment qu’Immobilier 2.0 suit de près Bureaux à Partager. Avant de nous parler plus en détail de ta startup, peux-tu nous en dire plus sur toi et sur ton parcours?

Clément Alteresco : Avec plaisir. En sortant de Dauphine, où j’ai eu un master en gestion de l’innovation, j’ai fait un stage chez FABERNOVEL, une société de conseil qui venait de se créer. Nous étions 3, le patron et 2 stagiaires. Une vraie chance, puisque cette expérience m’a permis de grandir avec l’entreprise qui fait aujourd’hui une centaine de personnes et 10 M de CA.

FABERNOVEL a 2 activités, le conseil et l’investissement, ce qui m’a donné l’occasion de créer et d’investir dans plusieurs entreprises et de suivre de nombreux projets. Parmi eux, les plus marquants pour moi ont été Digitick, qui s’est revendu à Vivendi, PARISOMA, un coworking space à San Francisco, et Bureaux à Partager, bien sûr, que je dirige aujourd’hui.

 

VL : Comment t’es venue l’idée de Bureaux à Partager?

CA : Le projet est né chez FABERNOVEL alors que nous venions de prendre un 2e bureau de 200 m2 en plus du premier pour ne pas à avoir à déménager dans 1 an. Notre croissance était bonne et nous anticipions la montée en charge. Cependant, en attendant de remplir cet espace, nous ne pouvions pas supporter de le voir vide. Nous avons donc cherché des colocataires parmi nos amis entrepreneurs, mais, après avoir fait le tour, il nous restait toujours une centaine de mètres carrés. En cherchant sur Internet, nous n’avons rien trouvé… Nous avons donc décidé de créer BAP.

Comme souvent, une idée simple, venant d’un besoin personnel.

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VL : Du coup, avant de monter Bureaux à Partager comme une société à part entière, vous aviez lancé un test? Une sorte d’approche lean startup improvisée? Comment qualifierais-tu l’approche et quelles leçons en tires-tu?

CA : Quand on a lancé le site en 2007, nous n’étions pas du tout dans l’ère du lean startup… À l’époque, on appelait plutôt ça la débrouille! 🙂

La première version du site a été développée pour à peine 3 000 € par des jeunes de l’Epitech que nous hébergions, des colocs! Nous avons aussi pris un étudiant en relation presse qui nous a aidés à « lancer » le site en 1 mois. Quelques articles plus tard, nous avions nos premières annonces et nos premiers échanges sur le site. Nous n’avions aucune idée ni aucune stratégie pour la suite des événements. D’ailleurs, le site est resté gratuit pendant 5 ans sans que nous ne sachions vraiment comme le monétiser…

Je retire 3 leçons du lancement de BAP. La principale leçon que j’en tire, c’est qu’il est possible de lancer un service sans grands moyens financiers : il suffit d’être motivé et débrouillard, ce qui est à la portée de beaucoup de monde. Et la 2e, c’est de ne pas être obsédé par la monétisation tout de suite : si on la capacité d’attendre (pas toujours le cas, malheureusement), c’est mieux de prendre son temps. Et la 3e et la plus importante, c’est le timing. J’aurais eu bien plus de mal à lancer BAP en 2007 qu’en 2012, pour beaucoup de bonnes et de mauvaises raisons. La bonne idée n’est rien sans le bon timing.

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VL : Comment un professionnel de l’immobilier pourrait-il s’approprier/mettre en place ce type de méthode?

CA : Pas évident! D’une façon générale, les concepts de lean startup, d’expérimentation continue, de « fail often, but fail fast » ne sont pas évidents à mettre en œuvre dans un secteur où une petite erreur peut se chiffrer en millions d’euros. La culture du non-risque n’y est clairement pas propice.

Pourtant, dans un monde qui s’accélère comme jamais, l’immobilier d’entreprise va devoir s’adapter et se transformer. Et, pour ne pas se faire dépasser, il faut savoir prendre quelques risques.

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VL : Quelle est ta vision actuelle du marché de l’immobilier?

CA : Archaïque. Je me demande souvent combien de temps on va encore voir ces panneaux « À LOUER » partout dans Paris. C’est moche et ça ne sert à rien!

Je suis provoc’, bien sûr, car, en toute humilité, après à peine 2 ans dans ce secteur vaste et complexe, j’ai encore beaucoup à apprendre.

En revanche, je nourris une vision simple et qui guide l’entreprise que je dirige. Cette vision est que, pour toute entreprise, la charge locative sera à l’avenir une charge variable et non fixe. Autrement dit, il faut réintroduire de la flexibilité pour permettre aux entreprises d’augmenter ou réduire leurs effectifs sans avoir à pâtir de baux 3/6/9 rigides. Et, pour aller plus loin, si on considère les évolutions considérables des modes de travail, qui nous dit que nous aurons encore besoin d’un bureau dans 20 ans?

Il y aura forcément des « endroits pour travailler », mais ils pourront être multiples et dépendre du besoin précis du travailleur. Bref, je ne sais pas prédire de façon exacte ce qui va se passer en matière d’immobilier d’entreprise, ma seule certitude est que la flexibilité en sera une des clés de voûte.

VL : Y a-t-il des innovations qui t’ont plu/marqué ces dernières années? Lesquelles?

CA : Oui, plein! Je suis un grand fan d’innovation techno. Pour n’en citer que 2 :

  • Les Google Glass. Ce n’est que le début, mais ça ouvre énormément de possibilités.
  • Siri ou tout ce qui est reconnaissance vocale. Depuis que j’ai vu le film Her, je me demande quand est-ce qu’on va enfin pouvoir tout commander à la voix. Tout est là, et pourtant…

VL : Et quelles tendances prévois-tu en terme d’innovation marché? Techno?

CA : Ce qui me fait le plus peur et qui me fascine en même temps, ce sont les avancées en matière de clonage thérapeutique. J’imagine pouvoir me faire remplacer un genou défectueux à 60 ans par un genou qui aurait été fabriqué à partir de mes gênes. Là, c’est du délire, et pourtant, on n’en est pas loin a priori. Notre génération sera peut-être la dernière à mourir?

On s’éloigne un peu du sujet… Pour revenir à l’immobilier, à mon sens, l’une des tendances à surveiller est celle de la dématérialisation. Passer au tout numérique semble être inévitable, et pourtant, on a encore l’impression que l’immobilier n’a que très peu été touché. Tout va y passer…

VL : J’ai d’ailleurs cru comprendre que vous travailliez sur un nouveau projet au sein de BAP? Peux-tu nous en dire plus?

CA : Oui, nous travaillons sur 2 sujets en parallèle :

  1. La gestion d’espaces éphémères. Il s’agit de créer des espaces de coworking éphémères sur des surfaces de bureaux qui ne peuvent pas être louées en bail 3/6/9 et difficilement en bail précaire. Par exemple, nous avons dernièrement signé avec Altarea Cogedim pour 1015 m2 à Neuilly-sur-Seine. L’objectif pour Altarea Cogedim est d’optimiser ce plateau sur 18 mois avant la réhabilitation complète de l’immeuble. Ce n’est donc que du bonus pour eux.
  2. Le BAP Manager. Nous sommes en train de développer un outil web pour la gestion des espaces de bureaux : signature de contrat, facturation, paiement, état des lieux, etc. Il s’agit de dématérialiser la relation entre un propriétaire et son locataire.

 

VL : Pour toi, la fidélisation est un des plus que permet aujourd’hui le web et les nouvelles technologies?

CA : Au contraire. Je dirais que le web permet au client d’être moins fidèle! En revanche, le web permet aux prestataires de services de mieux suivre et de mieux cibler leurs clients. C’est un nouveau Far West pour tout le monde, il faut en apprendre les règles et parfaire sa technique.

VL : Quels conseils pourrais-tu donner aux pros de l’immobilier pour fidéliser leur clientèle avec les outils d’aujourd’hui?

CA : Pour fidéliser un client, il faut avant tout l’écouter et savoir répondre à son besoin. Et surtout arriver à mieux anticiper.

Personnellement, j’utilise des outils de CRM pour suivre et prioriser mes clients : OnePageCRM ou PipelineDeals, par exemple.

VL : Merci pour eux J. Du coup, que peuvent-ils faire pour toi? Comment les lecteurs d’Immobilier 2.0 peuvent t’aider?

CA : Je suis sûr que tous les lecteurs d’Immobilier 2.0 connaissent quelqu’un qui a trop d’espace dans ses bureaux ou mieux, quelqu’un qui cherche des bureaux pour son entreprise. Il y a un site pour ça : www.bureauxapartager.com! 😉

VL : Et un mot pour la fin?

CA : La fin ne justifie pas les moyens? 🙂

Merci Clément pour cette interview et à bientôt sur Immobilier 2.0! Maintenant, je laisse les lecteurs d’Immobilier 2.0 réagir à tes propos et nous dire ce qu’ils pensent de Bureaux à Partager et de ta vision du marché 😉

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Cet article concerne Ubiq (ancien Bureaux à Partager) (Portails immobilier d'entreprise).

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à propos

Article rédigé par Vincent Lecamus

Passionné par l'innovation, Vincent est en veille constante pour dénicher les technologies et tendances qui vont impacter le secteur immobilier. Quand Vincent n'est pas occupé comme journaliste sur Immobilier 2.0, il développe de nouveaux projets entrepreneuriaux et coach des ... Lire la suite

Débats et commentaires de la communauté

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  1. cornet says:

    Avec l’internet, bap et les réseaux sociaux comme Facebook, twitter et third.fr réseau social immobilier, cela permettent aux entreprises de fidéliser sa clientèle et de gagner de la clientèle, c’est un moyen qui permet une grande flexibilité. C’est aux marques d’apprivoiser ces technologies et d’en tirer tous les avantages !

  2. DrDoud says:

    Article très interessant !
    Pour répondre à 2-3 choses notamment les panneaux; Ils sont là simplement car c’est l’encart publicitaire le moins cher qui existe ! Certains panneaux affichent même « vendu » maintenant. Le but est simplement de se faire connaitre dans un quartier et c’est beaucoup moins cher qu’une campagne print ou mailing.

    Ensuite concernant la flexibilité, rien ne viendra directement de l’immobilier, tout viendra directement des entreprises. Et bien que j’ai confiances dans les PME pour choisir la flexibilité, le coworking etc, j’ai bien peur que les grosses corporations type EY, Total, L’Oreal ne lachent pas leur tour et leurs baux de 9 ans fermes.

    D’autant plus que les investisseurs ont besoin de ces baux pour valoriser au mieux leur actif.

    L’avenir nous en dira plus mais ces années vont être passionnantes pour qui aime l’immobilier et les nouvelles technologies !

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