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À ce propos, j’ai interviewé Jean-Baptiste Vayleux, l’un des cofondateurs de Lymo. Lymo est une entreprise spécialisée et leader dans le crowdfunding immobilier. De quoi s’agit-il concrètement? Qu’est-ce que cela apporte? Comment cela fonctionne-t-il? Quels sont les retours? Autant de questions auxquelles vous allez avoir des réponses dans cet article. Et un regard vers l’avenir. Interview.
VL : Bonjour, Jean-Baptiste. Le crowdfunding est une des pratiques novatrices du net, en découvrir dans l’immobilier est un vrai plaisir. Mais, avant de parler de votre société, peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours?
Jean-Baptiste Vayleux : J’ai 31 ans, je suis diplômé d’HEC avec une spécialisation Entrepreneurs. J’ai travaillé pendant 5 ans dans une grande société immobilière, Unibail-Rodamco, avant de cofonder Lymo en février 2013 avec mes associés Gilles Roucher et Damien Truchard.
VL : Tu as donc lancé Lymo il y a un an et demi. Il s’agit d’une entreprise de construction de résidences. Peux-tu nous en dire plus sur cette société?
JBV : En fait, historiquement, mes associés sont des promoteurs immobiliers. Ils se sont concentrés sur une niche de l’immobilier, les minirésidences (moins de 10 logements), partant de 2 constats. Le premier est qu’on fait bien que ce que l’on fait souvent. Le second est que les minirésidences sont très recherchées, car, quand vous achetez un bien dans une minirésidence, vous avez peu de voisins et peu de charges de copropriété (nous n’avons jamais d’ascenseurs, de gardiens qui, à eux seuls, représentent 46 % des charges d’une copropriété classique). En plus, comme nos résidences sont petites, nous trouvons de petits terrains bien placés. Sur Toulouse, par exemple, nous ne construisons pas à plus de 10 km de la place du Capitole, le centre de Toulouse.
VL : Du coup, quels sont les constats qui t’ont poussé à intégrer du crowdfunding à votre offre immobilière?
JBV : Il faut savoir que, quand un promoteur veut réaliser une opération, la banque chez qui il emprunte des fonds va systématiquement lui demander d’apporter une partie des fonds de sa poche : on appelle cela les fonds propres. C’est l’équivalent de l’apport personnel chez les particuliers. Nous nous sommes dit que cela pourrait intéresser des particuliers de les prêter à Lymo en contrepartie d’une redevance élevée. C’est comme cela que Lymo a commencé.
VL : Très bien. Et, du coup, peux-tu nous préciser en quoi consiste le crowdfunding immobilier? Comment cela fonctionne-t-il concrètement?
JBV : Eh bien, pour reprendre l’exemple précédent, nous sommes allés voir 26 particuliers qui nous ont prêté 50 000 €. Nous avons construit une minirésidence près de Toulouse (31), avons rapidement vendu les appartements, avons dégagé une marge et avec cette marge, nous avons remboursé les investisseurs de leur capital plus 10 %.
VL : Très bien. Du coup, quels sont les premiers retours que tu as depuis le lancement de cette partie de l’activité? Du côté des particuliers? Du côté des professionnels?
JBV : Notre métier est de rendre accessible des investissements à forte rentabilité qui, auparavant, étaient réservés à des initiés : il fallait connaître le promoteur et les tickets d’entrée se comptaient en dizaines de milliers d’euros. Aujourd’hui, avec Lymo, vous pouvez investir simplement à partir de 1000 €. Donc, forcément, on rend service à beaucoup de particuliers et nos collectes sont toujours sursouscrites. Nous recevons également beaucoup de demandes de promoteurs qui veulent se financer via Lymo. Mais, pour l’instant, nous ne faisons que financer nos propres projets : c’est un moyen pour nous de mieux les contrôler et tenir notre promesse des 10 %.
VL : La rentabilité de 10 % est très alléchante, mais n’y a-t-il pas des risques? Quel est votre track record jusqu’à présent?
JBV : Il y a un grand principe en investissement : plus la rentabilité est élevée, plus le risque est élevé. Donc nous sommes très clairs avec les investisseurs : il y a un risque de perte partielle ou totale en capital. Cependant, ce qui fait le succès de Lymo, c’est que, contrairement à l’achat d’actions par exemple, les investisseurs savent dans le détail ce qu’ils achètent : nous détaillons chaque projet avec ses forces et ses faiblesses. Les investisseurs font en quelque sorte de la promotion immobilière par procuration avec Lymo. Et c’est ce que nous adorons : pouvoir démocratiser un métier qui nous passionne.
Concernant le track record, nous avons financé depuis le début 4 opérations auprès de 200 investisseurs pour 700 000 €. Sur ces 4 projets, 1 est totalement terminé (investisseurs remboursés) et les 3 autres sont en travaux.
VL : Ok, et comment les lecteurs d’Immobilier 2.0 peuvent t’aider dans ta démarche?
JBV : J’adore à la fois l’immobilier, le marketing et Internet et, évidemment, j’aime beaucoup le blog. Nous nous développons rapidement, donc nous sommes à la recherche de talents pouvant nous aider à nous développer, des apporteurs de projets aux commercialisateurs de produits neufs.
VL : Parlons maintenant innovation et vision. Comment le crowdfunding immobilier peut-il être démocratisé? Peut-être dans d’autres secteurs de l’immo? Est-ce une démarche à laquelle vous réfléchissez?
JBV : Nous sommes aujourd’hui leader européen du crowdfunding immobilier, tant en nombre de membres qu’en sommes levées. Après avoir proposé nos propres projets sur Lymo afin de sécuriser au maximum nos investisseurs, nous allons progressivement ouvrir notre plateforme à d’autres promoteurs. Nous pensons que, dans notre secteur, ce qui fera la différence à horizon 3-5 ans, c’est le track record des plateformes, c’est-à-dire leur capacité à avoir proposé des projets de qualité, et rendu du cash aux investisseurs. Nous sommes un métier financier, pas Internet. L’équipe de Lymo, constituée de spécialistes de l’immobilier, nous apparaît légitime pour être compétitive dans ce futur qui nous apparaît particulièrement excitant.
VL : Des innovations t’ont-elles marqué ces derniers temps?
JBV : Je vais prêcher pour ma paroisse, mais la vitesse à laquelle les plateformes de crowdfunding immobilier se développent aux US me sidère : après avoir levé 500 000 $ pour se renforcer en mars 2013 (six mois avant que Lymo ne fasse de même en France), RealtyMogul.com vient de lever 9 M$! Et son concurrent, Fundrise.com, 31 M$! Cela va très, très vite.
VL : Parfait, et un mot pour la fin?
JBV : Merci à vous pour l’échange, et à très bientôt pour des news excitantes sur Lymo et le crowdfunding en général!
Le crowfunding immobilier est donc une pratique nouvelle qui peut apporter beaucoup pour financer des projets immobiliers et donc développer plus simplement la construction de logements. On l’a vu : une des évolutions possibles de Lymo est d’ouvrir sa plateforme à d’autres constructeurs et donc de devenir un vrai pure player du crowdfunding immobilier. Mon avis est qu’une telle plateforme de mise en relation entre petits investisseurs et petits constructeurs constituera une vraie valeur ajoutée pour les deux parties et représentera une des branches de l’avenir de la construction immobilière. Très belle initiative en tout cas.
Et vous, que pensez-vous du principe du crowdfunding immobilier? De Lymo?
Bravo pour l’interview et le beau projet. Ne devez-vous pas etre intermédiaire financier pour proposer un tel produit? Techniquement, cela ressemble à un emprunt souscrit par le public, avec un sous jacent immobilier affectant l’octroi ou non du rendement de 10%. Du pure crowdfunding consisterait à ce que les investisseurs aient des parts dans le projet (equity), et non les intérêts sur leur prêt. Bien sûr, cela serait un autre modèle car vous partageriez tous les profits – pourquoi ne pas pousser la démarche jusqu’au bout?
Merci pour votre message.
Lymo a la particularité pour l’instant de ne présenter que ses propres produits à l’investissement. Il ne fait pas d’intermédiation et donc n’a pas besoin de statut d’intermédiaire pour le faire.
Sur votre deuxième remarque, dans l’immobilier (si je compare aux plateformes US) vous avez de tout : prise de participation ou prêt. Lymo a choisi pour le moment le système de prêt (obligations en réalité) mais pourrait très bien choisir la prise de participation également
Cordialement,
Jean-Baptiste Vayleux
DG Lymo SAS
Bonjour,
Je ne peux m’empecher de faire un rapprochement entre ce type de financement et le plus grand scandale immobilier francais, à savoir le ‘robien’ :
– On achete des terrains pas chers dans des zones foireuses
– On donne une carrote : carotte fiscale ou, dans ce cas, la carotte du rendement
– On package tout ca : vous vous occupez de rien ( ici, on envoie juste le cheque et miracle,12 mois après, 10% de rendement sans rien faire 😉 )
– on vend ca à des gens qui ne connaissent pas la zone de vente
Au final, vous aurez forcement des arnaques à grande echelle.
Akerys ( qui a changé de nom en ‘Belvia’ pour se faire oublier) est l’un des plus gros contributeur au scandale de robien.
Bref, fuyez comme la peste l’immobilier résidentiel francais dématérialisé : c’est un produit surcoté, surtaxé, qui fait la fortune d’arnaqueur en tout genre avec le cautionnement implicite de l’état francais
Ne serait ce que pour rendre justice à toutes les victimes de ‘robien’, fuyez ce genre d’opération …
En esperant que mon temoignage evitera à beaucoup de ce faire pigeonner.
Bravo pour cette interview. Je vais en parler sur mon site d’infos sur l’immobilier.
De belles perspectives à venir….