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Bientôt l’heure du RENT. Chaque année, le salon met en avant l’innovation dans le domaine de l’immobilier et des technologies immobilières. Pour sa dixième édition, qui aura lieu les 8 et 9 novembre prochains, le salon entend décrypter les enjeux qui s’imposent au secteur dans un marché en pleine mutation. Parmi eux, les questions environnementales et sociétales et la manière dont la proptech y répond. Rencontre avec Stéphane Scarella, son directeur.
Les problématiques ESG (Environnement, Social et Gouvernance) et de valeur verte sont désormais au cœur des préoccupations en Proptech et en immobilier, d’autant que le secteur est grand émetteur de CO2 et grand consommateur d’énergie. Qu’en est-il du RENT ?
Les enjeux environnementaux sont au cœur de cette dixième édition, d’ailleurs notre « fil vert » est « Moins de carbone et plus d’idées pour la proptech ». Sont prévues des capsules et des conférences autour de la décarbonation, de la transition énergétique et du DPE… Cette une démarche que nous épousons dans notre organisation puisque le RENT a entamé un bilan carbone : savoir d’où l’on part, quelles mesures — simples ou à plus long terme — nous pouvons mettre en place pour réduire notre empreinte carbone. Chaque secteur doit avoir du recul sur ses propres pratiques. Nous allons donc prendre des engagements pour nous améliorer.
Comment faire résonner cette urgence environnementale avec le contexte actuel, où immobilier et construction sont à la peine ?
Grâce à la combinaison de plusieurs choses : il faut d’abord une prise de conscience collective. Sur ce point, je crois que nous avons changé de paradigme, car les acteurs de l’immobilier ont pris la mesure de cette urgence. Je constate par exemple que dès aujourd’hui des promoteurs construisent en RE 2028. Ils ont conscience que sans innovation – fenêtres photovoltaïques, béton décarboné… – dans la construction pour décarboner, faire en sorte que les nouveaux immeubles soient moins énergivores, ils ne répondront pas aux enjeux de demain.
En parallèle, il faut bien sûr prendre en compte la question financière dans un contexte de marché moins dynamique. Ces innovations, ces matériaux ont un coût. Nous devons donc trouver des solutions, des financements. La proptech et l’innovation sont justement là pour aider les acteurs de l’immobilier.
Ces problématiques sont-elles aussi une préoccupation pour les clients particuliers ?
Oui, car le secteur immobilier est en mouvement permanent, sans cesse en train d’innover. Recherche d’un bien, crédits, volonté de faire des travaux… On passe désormais par nos smartphones, on utilise des comparateurs ou la data : les modes de consommation de l’immobilier vont très vite et évoluent constamment. En face, le marché doit donc forcément s’adapter. Poussée par le législateur, la question environnementale est devenue encore plus centrale pour les clients particuliers. La preuve, l’un des premiers critères observés lors d’une recherche de maison ou d’appartement, c’est le DPE. C’est devenu la pierre angulaire du marché, car cela va entrainer de nombreux questionnements, de possibles travaux, des coûts, la possibilité ou non de louer…
Comment ces problématiques se traduisent-elles dans la proptech ?
Au-delà du fait de bousculer les cerveaux, cet écosystème est là pour apporter des réponses concrètes aux professionnels – promoteurs, agents immobiliers, constructeurs – ou aux particuliers. Je citerais par exemple Elax Énergie — dont le boîtier à fixer sur un chauffe-eau permet de réguler les consommations et de générer des économies — ou Citron qui propose un management énergétique et technique digital des parcs immobiliers via une plateforme web big data et IoT. Buildrz, également, qui avait gagné le trophée de l’innovation lors du RENT 2022. Elle propose d’intégrer le facteur environnemental dans ses modélisations 3D en s’appuyant sur différentes technologies — IA et OpendData — permettant de prendre en compte les réglementations en vigueur, les bilans carbone et énergie, le taux d’ensoleillement, etc. Lancey encore, avec des radiateurs ultra-connectés… Ce sont des choses très innovantes, très pratiques.
Peut-on parler d’opportunité pour la proptech ?
La valeur verte d’un logement devenant un atout et l’innovation devenant incontournable pour réussir à intégrer les enjeux climatiques et environnementaux à la construction, on peut en effet parler d’opportunité.
Au regard de l’indice trimestriel Protech et Contech que nous avons lancé avec Axeleo, on observe d’ailleurs qu’aujourd’hui 29 % des levées de fonds sont réalisées par des startups ayant l’ESG comme cœur de métier. Les solutions d’énergie verte pour les maisons et les bâtiments (Building management systems [BMS], thermostats intelligents…) ont le vent en poupe, elles représentent le secteur d’activité le plus financé. On assiste également à une montée en puissance des technologies Hardware — matériaux innovants, IoT et capteurs… – qui accaparent plus de 40 % des investissements au premier trimestre, là où ces derniers étaient plutôt de l’ordre de 25 % en 2022.
Quant aux enjeux sociétaux, qui font aussi partie de l’ESG, là encore la proptech génère de l’innovation. En matière de crédit par exemple, il existe maintenant des alternatives crédibles : Zéfir ou Hestia par exemple proposent du leasing immobilier, exactement comme pour l’achat d’une voiture.
À quels changements peut-on s’attendre dans les années, voire la décennie, à venir ?
On n’a jamais eu autant besoin d’immobilier, alors qu’en parallèle, il faut réussir à redonner du sens au marché et à la construction : construire mieux, construire plus durable, sans exploser les prix, tout en permettant l’accès au crédit et à la propriété… Nous sommes à la croisée des chemins et c’est un immense défi ! Cela passe par tous les acteurs de la chaine de valeur et par le fait de s’appuyer sur une convergence des enjeux environnementaux et sociétaux. L’innovation — tenant compte de ces différents prismes — ne peut pas tout, mais elle peut accompagner la formulation d’une réponse. La proptech fourmille d’idées pour rendre les professionnels encore meilleurs et le marché plus efficient.
Comment ces questions et innovations seront-elles mises en avant lors du RENT ?
Au travers de nos conférences et de nos parcours, mais aussi de nos prix qui seront désormais au nombre de trois : le prix de la startup (avec ORPI), le prix de l’innovation (avec le SNPI), le prix Impact Sociétal et environnemental (avec Procivis) qui récompensera l’innovation pour ces questions spécifiques. Le RENT est comme un cluster pour échanger, débattre, découvrir et faire du business plus intelligemment.
Se rendre au salon RENT
- Informations pratiques : RENT (Real Estate and New Technologies) — 8 et 9 Novembre 2023 — Pavillon 6, Paris Porte de Versailles
- Le récap des tarifs (et l’offre exclusive Immo2)
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