Instaurer un climat de confiance pour booster les mandats : retour sur la conférence d’ouverture du RENT 2024

Le changement climatique bouleverse tous les secteurs, et l’immobilier n’y échappe pas. Lors de la conférence bas carbone du RENT 2024, Vincent Lecamus (moi-même 😊), Antoine Delmaille, Sébastien Pajot, Benoit Thierry et Guillaume Martinaud ont abordé un sujet central : comment les enjeux climatiques, considérés comme des contraintes, peuvent devenir un levier de confiance et de croissance pour les agences immobilières. Voici un aperçu des échanges et des stratégies proposées pour inscrire la durabilité au cœur du business.

Résumé des points clés de la conférence

Climat et immobilier : une prise de conscience nécessaire

D’entrée de jeu, les intervenants ont rappelé les événements climatiques récents (canicules, inondations) et leur impact sur le quotidien des Français. Ces phénomènes renforcent la nécessité de penser l’immobilier en lien avec les préoccupations écologiques des clients. Pour les agences, cela représente une opportunité de démontrer leur engagement et de renforcer leur crédibilité auprès d’une clientèle de plus en plus soucieuse de l’environnement.

Le défi des passoires thermiques

Les passoires thermiques, ces biens classés F et G, représentent aujourd’hui 5,8 millions de logements en France, soit environ 15,7 % du parc immobilier. Avec l’ajout des biens classés E, ce chiffre pourrait grimper à 12 millions (37 %) d’ici 2034, renforçant les pressions sur le parc immobilier. Les régulations à venir, comme l’interdiction de location des logements G dès 2025 et F dès 2028, accentuent ces tensions.

Entre 2020 et 2023, environ 32 % des biens locatifs ont été retirés du marché national, avec un chiffre atteignant 55 % à Paris. Ce phénomène n’est bien sûr pas uniquement lié aux normes énergétiques. La concurrence accrue de plateformes comme Airbnb, l’organisation des Jeux Olympiques de 2024, et la baisse générale de la mobilité résidentielle expliquent également cette diminution. Ces facteurs conjugués ont créé une tension locative extrême, amplifiant la difficulté pour les locataires de trouver un logement. La suppression des passoires thermiques de l’équation vient cependant augmenter la taille du problème. 

Pour les agents immobiliers, ce contexte demande une maîtrise accrue des solutions pour accompagner les propriétaires. Cela inclut notamment la présentation de DPE projetés, des conseils sur les travaux prioritaires et une sensibilisation aux aides comme MaPrimeRénov’.

L’Agent immobilier comme guide écologique

Dans ce contexte de transition énergétique, les agents immobiliers ont un rôle stratégique à jouer pour aider leurs clients à naviguer dans un parcours souvent perçu comme complexe. Lors de la conférence, les intervenants ont insisté sur le besoin de formation continue des agents, afin de comprendre les spécificités de la rénovation énergétique et d’accompagner efficacement les projets.

69 % des Français déclarent mal comprendre les dispositifs d’aides existants, comme MaPrimeRénov’, pourtant cruciaux pour financer les travaux. Par ailleurs, la baisse du nombre d’artisans certifiés RGE aggrave les difficultés, rendant la coordination des projets encore plus importante. En 2023, cette situation a contribué à une diminution de 15 % des chantiers de rénovation énergétique, selon l’Anah.

Pour répondre à ces défis, les agents doivent se former sur :

• La lecture et l’interprétation des DPE pour mieux conseiller sur les priorités de rénovation.
• Les subventions et dispositifs locaux et nationaux afin de guider les propriétaires vers les bonnes aides.
• La constitution d’un réseau d’artisans qualifiés pour faciliter la mise en œuvre des travaux.

Exemples d’engagement bas carbone

Certains réseaux immobiliers, comme Orpi, prennent les devants en intégrant la durabilité dans leur stratégie globale. Guillaume Martinaud, président d’Orpi, a évoqué les efforts du réseau pour sensibiliser ses 9000 collaborateurs aux enjeux écologiques, notamment via des initiatives pédagogiques. L’objectif ? Permettre aux agents de mieux expliquer les implications des diagnostics énergétiques et des travaux à leurs clients.

Lors de leur dernière convention, Orpi a réduit son empreinte carbone en diminuant la taille de la scène utilisée et en optant pour des matériaux plus durables, économisant ainsi 13 tonnes de CO₂. Ces actions, bien que symboliques, montrent qu’un petit pas en interne peut avoir un impact et inspirer d’autres initiatives.

Mais le véritable enjeu réside dans la formation : Orpi encourage ses collaborateurs à devenir des conseillers de confiance sur des sujets tels que les aides publiques (comme MaPrimeRénov’) et les travaux nécessaires pour améliorer la performance énergétique des biens.

Benoit Thierry explique comment allier écologie et immobilier avec des initiatives collectives

Président d’une société centenaire regroupant 180 collaborateurs, Benoit Thierry a partagé des initiatives concrètes qui placent l’environnement au cœur de la stratégie de Thierry Immobilier. À travers des actions collectives et mesurées, son entreprise s’engage sur plusieurs fronts pour limiter son impact écologique tout en renforçant ses performances.

L’entreprise a réalisé quatre bilans carbone, démontrant une réduction mesurable malgré une croissance continue. Cette démarche de transparence permet à Thierry Immobilier de mieux comprendre et contrôler son empreinte écologique. L’une des initiatives marquantes concerne l’appel à projets en copropriété : des potagers partagés en permaculture, des ateliers vélo pour promouvoir la mobilité douce, ou encore la transformation d’espaces minéraux en zones de biodiversité ont été mis en place.

Des retombées économiques concrètes

Grâce à son engagement écologique, Benoit Thierry a su transformer les initiatives durables de Thierry Immobilier en atouts business. « Aujourd’hui, les promoteurs viennent directement nous chercher pour leurs appels à projet », a-t-il souligné, témoignant de l’impact positif de ses actions sur la collaboration avec les acteurs locaux. Cette démarche a également renforcé la fidélité des copropriétés gérées par l’entreprise, créant une relation de confiance durable. « En intégrant ces dimensions environnementales, nous avons non seulement fidélisé nos clients, mais aussi sécurisé davantage de mandats exclusifs dans nos copropriétés », a-t-il ajouté. Ces initiatives différencient Thierry Immobilier sur son marché et boostent sa marque employeur. « Si on ne prend pas ces virages aujourd’hui, les nouvelles générations n’auront plus envie de travailler dans nos entreprises demain », a-t-il conclu, soulignant l’importance d’allier écologie, innovation et performances commerciales pour inscrire son activité dans la pérennité.

En partenariat avec Voltalis, l’entreprise a équipé 800 logements d’un dispositif permettant de réduire la consommation d’énergie de 20 %. Par ailleurs, dans une démarche symbolique mais impactante, des pommeaux de douche intelligents ont été distribués aux collaborateurs pour sensibiliser à la consommation d’eau.

Sébastien Pajot met le bas carbone au cœur des transactions immobilières

Directeur de l’agence Victor & Richard, Sébastien Pajot a choisi de placer la durabilité au centre de son activité, avec des actions concrètes qui allient innovation et pragmatisme. Bien que l’agence se soit initialement concentrée sur des mesures internes comme la réduction du papier ou l’optimisation des déplacements, son véritable impact se révèle dans son rôle de conseiller auprès des clients.

Sébastien Pajot s’implique directement dans les diagnostics énergétiques projetés, travaillant en étroite collaboration avec des diagnostiqueurs comme Ouest Expertise. « Nous assistons systématiquement aux diagnostics des biens classés E, F et G », explique-t-il. Cette démarche permet d’identifier des solutions concrètes avec le propriétaire et le diagnostiqueur, tout en fournissant des devis détaillés pour les travaux nécessaires. Cette approche proactive rassure à la fois les vendeurs et les acheteurs, facilitant les transactions même sur des biens perçus comme problématiques.

Les résultats sont tangibles : grâce à cette méthode, l’agence remet des biens en mauvais état énergétique sur le marché, permettant à des acheteurs de décrocher des financements qu’ils n’auraient pas obtenus autrement. « Les banques sont rassurées par notre démarche et par la présentation d’un DPE projeté crédible, ce qui débloque des situations souvent jugées complexes », souligne Sébastien Pajot.

Cette stratégie ne se limite pas aux biens difficiles : l’expertise technique et la transparence renforcent la crédibilité de l’agence auprès de tous les types de clients, augmentant ainsi la proportion de mandats exclusifs signés. « Nous nous différencions par une approche unique, qui attire une clientèle exclusive et fidèle, tout en consolidant notre positionnement sur un marché concurrentiel », conclut-il.

Une opportunité pour l’image et la fidélité

La conférence a conclu sur l’impact positif de l’engagement écologique pour les agences. Non seulement il permet de se démarquer dans un marché concurrentiel, mais il attire aussi des clients et collaborateurs sensibles à ces valeurs. Cette population est grandissante et cela ne va pas s’arrêter demain. Pour une agence, miser sur le bas carbone n’est donc pas qu’un argument marketing : c’est un investissement dans sa réputation et sa pérennité.

En bref…

Souvent vu comme des contraintes, les questions environnementales peuvent s’entrelacer avec la génération de confiance et devenir des atouts commerciaux remarquables. En prenant des engagements concrets, les agences immobilières ne répondent pas seulement aux enjeux environnementaux : elles gagnent en crédibilité, en fidélité et en business. Si cette réflexion vous inspire et que vous souhaitez découvrir les autres conférences, retrouvez les autres résumés ici. Bonne lecture ! 😊