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En faisant notre veille, on a cru voir qu’un contexte électoral pouvait avoir des conséquences sur les projets immobiliers : appréhension du candidat élu et de son programme, attentisme… On a voulu voir si cette tendance se confirmait, et surtout, savoir comment les professionnels de l’immobilier pouvaient accompagner leurs clients lorsque ces derniers se montrent inquiets. Pour ce faire, on s’est rapproché de 3 professionnels de l’immobilier : Vincent Vitorio, cofondateur de Progress immo; Fabienne Pelissou Teissie, fondatrice de Vision Immo Consultants, et formatrice chez Le Campus; et Marc Gallon, dirigeant de Noovimo. Voici leurs visions et leurs conseils.

Un ralentissement de l’activité qui n’est pas forcément dû à la présidentielle

Pour ces élections 2022, la tendance semble effectivement être au ralentissement si on se fie à l’observation de nos interlocuteurs. Néanmoins, la présidentielle n’est pas la seule coupable. 

Pour Vincent Vitorio, il s’agit surtout d’un phénomène de compensation. « On a connu un volume de vente particulièrement élevé depuis 5 ans. On constate une petite baisse en cours, mais le gros volume de vente permet de compenser. » 

Dans le même esprit, Marc Gallon évoque la folie des années 2019, 2020 et 2021 en termes de transaction, « avec une frénésie d’acheteurs et un nombre de vendeurs qui s’est réduit d’année en année. » On assiste donc à un essoufflement de ce record de ventes. À ce facteur se sont ajoutés 2 autres freins : le tsunami de contaminations à la COVID en début d’année, puis la guerre en Ukraine à la fin du mois de février. « Tout le monde était contaminé ou cas contact. Que ce soit le vendeur, l’acquéreur ou l’agent, il y avait forcément un des trois qui ne pouvait pas se déplacer. Quant à la guerre en Ukraine, elle n’a pas aidé au moral ».

Par conséquent, le début d’année n’a pas été incroyable pour le marché immobilier, mais cette tendance n’est pas tant liée à la présidentielle. « Traditionnellement, il y a 2 mois de flottement sur les pré-présidentielles, car il y a une peur sur les lois pour les investisseurs. Mais il y a toujours un ministre qui met son nom pour redynamiser le marché de l’immobilier », temporise non sans humour le dirigeant de Noovimo.

Une décrue qui représente une opportunité… mais gare à la loi Climat

Le ralentissement de l’activité en tant que tel n’est pas un vrai problème. Au contraire, il représente même une opportunité si on s’appuie sur les visions de Vincent Vitorio et de Marc Gallon. 

Pour le dirigeant de Noovimo (Marc Gallon), « c’est un coup de frein pour mieux repartir ». Il faut rassurer les vendeurs qui sont dans l’attente et craignent une baisse des prix. « Il faut leur expliquer qu’on revient à la vraie vie. » Ce dernier insiste enfin sur un autre avantage : « Ça permet aux pros de faire leur job n° 1 : entremettre un acquéreur et un vendeur et remettre les biens sur un prix de marché plutôt qu’un prix rêvé. Donc, on peut revenir à un équilibre sain entre le vendeur et l’acquéreur. »

« Sans oublier que la période d’incertitude va être réglée en apprenant le nom de l’élu.e », rappelle Vincent Vitorio. « Cela reste un cycle logique de la vie démocratique où l’on constate une petite diminution de ventes très passagère. » Ce dernier précise ensuite que, quels que soient le candidat élu et son programme, cela a peu d’impact sur l’investissement et la résidence principale.

Pas de quoi s’inquiéter non plus d’un potentiel impact de la présidentielle, selon Fabienne Pelissou Teissie. Si mutations il y a, elles n’auront rien à voir avec les élections présidentielles. « C’est dans le cadre de la loi Climat que les responsables politiques ont un rôle à jouer. » Selon elle, ces derniers doivent à tout prix contenir la mise sur le marché de logements énergivores.

Les conseils à retenir

  • À chaque contexte présidentiel, rassurez vos clients : cette période électorale a finalement peu d’impact sur les projets immobiliers et reste passagère.
  • Concentrez-vous sur la loi Climat. Entourez-vous de professionnels (comme des artisans) pour conseiller les bailleurs possédant un bien énergivore (classé F ou G). Les équipes du Campus et Fabienne Pelissou Teissie vous réservent une formation complète et ciblée sur le sujet.

Les responsables politiques doivent apporter plus de garanties aux particuliers pour améliorer le devoir de conseil des professionnels de l’immobilier…

Passée la panique liée à la loi Climat, que peuvent faire les responsables politiques pour répondre aux besoins conjoncturels et accompagner les professionnels de l’immobilier demain ?

Pour Vincent Vitorio, l’État doit aider et inciter les gens à investir dans l’immobilier, soit en achetant, soit en investissant pour mettre les biens en location. Avec la crise du logement que nous connaissons, il faut réussir à protéger les locataires en leur assurant un logement qui va rester décent et le maintien des travaux s’ils sont nécessaires. « Le moyen de résoudre une partie du problème est de mettre en place des diagnostics ou des expertises qui garantiront la décence d’un logement ».

Du côté de Marc Gallon, les délais imposés par la loi Climat sont intenables : il faut décaler les interdictions de mise en location. À titre d’exemple, un bien classé G ne pourra plus être mis à la location en 2023. « Un bien sur deux est passoire thermique au regard des normes demandées pour 2027. On a donc 5 ans pour réaliser des travaux sur 50 % de l’ensemble du parc. Vu le nombre d’artisans en France, on ne peut matériellement pas rénover tous ces biens. »  

… et leur permettre de faire de l’urgence climatique une opportunité pour eux et leurs clients

Toujours en rapport avec la loi Climat,  l’enjeu pour Fabienne Pelisou Teissie est de contenir la mise sur le marché de logements classés F ou G. « Ce phénomène est absolument “in-maîtrisable” et risque d’être amplifié, soit pour des raisons de panique ou des raisons financières. Le point positif, c’est qu’on peut entrer dans un cycle ajustable grâce à la rénovation des biens dits passoires thermiques. » De fait, cela va mettre le parc immobilier à niveau. L’État et les ministères compétents ont donc tout intérêt à accompagner les bailleurs concernés.

En ce sens, on pense à des dispositifs comme MaPrimeRénov’. Pour Marc Gallon, « ce système est très bien fait en fonction des revenus ». Sauf qu’il comprend beaucoup de dérogations et de conditions qui ne sont pas claires. C’est là où les professionnels de l’immobilier peuvent intervenir et valoriser leur devoir de conseil. « Ils peuvent recommander des solutions qui accompagnent les particuliers dans leurs démarches sur MaPrimeRénov’ ».  Notre interlocuteur cite en exemple la société Maxeem. Société avec laquelle les équipes de Noovimo s’apprêtent à collaborer.

Les conseils à retenir

  • Indépendamment des mesures politiques à venir, voyez la conjoncture climatique comme une opportunité. Celle d’offrir un parc immobilier rénové et plus en phase avec l’urgence climatique.
  • Rapprochez-vous de solutions qui accompagneront vos propriétaires dans la réalisation de leurs travaux.

Notre article touche désormais à  sa fin. Nous espérons sincèrement que les visions et les conseils partagés vous rassureront et rassureront vos clients. Gardez en tête plusieurs choses : l’élection présidentielle n’a pas réellement d’impact sur la concrétisation de projets immobiliers. Et enfin, le marché immobilier ne va pas se scratcher, mais risque de connaître un réajustement positif. Notamment grâce à la loi Climat, et non pas à cause d’elle. Tout dépend de votre capacité à transformer les freins en opportunités.  

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à propos

Article rédigé par Marline Blain

Forte d'un background journalistique implacable, d'une capacité rare à retranscrire l'information et passionnée de littérature : faîtes confiance à la plume de Marline pour vous guider, vous rassurer et faire de vous l'un des vecteurs de l'immobilier de demain. ... Lire la suite

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