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Récemment, on a attiré mon attention sur une vente immobilière un peu particulière. Une belle vente de 2,4 millions de dollars. C’est certain qu’il y avait une belle commission à la clef pour l’agent immobilier chargé du mandat. Mais vous vous doutez que si l’on a attiré mon attention sur cette transaction, c’est qu’il y a quelque chose derrière. Et pour cause, la propriété dont il est question ici n’existe pas dans le monde réel… Elle n’existe que dans le monde virtuel de Decentraland.
Des ventes à plusieurs millions de dollars… pour des terrains virtuels
Alors, vous avez peut-être vu passer cette actualité, annonçant une vente « record » sur le métavers. Mais savez-vous que ledit record a été battu seulement quelques jours plus tard ? Cette fois-ci, la parcelle de terrain est partie pour 2,5 millions de dollars. Dans un autre monde virtuel.
Les mondes virtuels dont il est question ici sont Decentraland et Axie Infinity. Deux jeux basés sur la blockchain et qui sont référencés comme des Play2Earn, c’est-à-dire des jeux où l’on peut être rémunéré pour jouer. Mais surtout, deux environnements virtuels, avec leur propre économie… et c’est ce qui nous a menés à ces ventes records.
Mais à quoi servent ces terrains virtuels concrètement ?
Tout d’abord, il convient d’expliquer ce que sont – concrètement – ces parcelles. Les terrains qui ont été achetés sont des terrains qui sont (ou seront) utilisés dans le cadre de jeux sur la blockchain.
Decentraland est un monde virtuel, mélange entre Second Life et Minecraft qui promet de rassembler diverses activités. On retrouve pleinement l’idée « d’espace virtuel » plutôt que de jeu. Pour l’instant le jeu est en phase alpha, c’est-à-dire de test avec le lancement officiel. Mais il est déjà possible d’acheter, et surtout, de revendre différents éléments à utiliser en jeu.
Le second jeu, Axie Infinity, est une sorte de Pokémon, mais sur la blockchain où chaque élément est un NFT unique. Le jeu est actuellement jouable, avec des droits d’entrée assez élevés (comptez entre 300 et 600 dollars pour commencer).
Tous les jeux vidéo ont leur propre économie. La différence ici, c’est que de l’argent réel est injecté dans le jeu, puis converti en monnaies virtuelles. Ce qui signifie que l’on peut donner une valeur en monnaie fiduciaire à ces monnaies de jeux vidéo. Et les sommes en jeu sont conséquentes. On parle de véritables économies. Pour vous donner un ordre d’idées, pendant la pandémie, Axie Infinity a été l’un des axes de maintien de l’ensemble de l’économie philippine.
Les terrains achetés vont pouvoir être loués, revendus, on va pouvoir y construire des infrastructures dont l’accès sera payant… Vous m’avez compris, les acheteurs de ces terrains virtuels sont simplement des investisseurs.
Le métavers : tout est une question de la valeur qu’on porte aux choses
Alors, nous n’allons pas nous épancher en longueur sur ce qu’est le métavers. Un article dédié est en cours de rédaction sur le sujet. Retenez simplement que le métavers, ce n’est pas un Facebook en réalité virtuelle comme nous le présentait Zuckerberg il y a quelques semaines.
Le métavers, c’est un point de vue selon lequel nos vies et nos biens virtuels prennent de plus en plus de valeur. Au point de rattraper la valeur que l’on porte aux choses dans le monde réel.
C’est quelque chose que vous avez expérimenté si :
- Vous avez déjà acheté un jeu vidéo au format dématérialisé;
- Vous avez déjà acheté un e-book pour votre liseuse numérique;
- Vous avez loué ou acheté un film au format dématérialisé;
- Vous avez payé un abonnement à un média en ligne;
- Vous payez pour un abonnement Netflix, Spotify ou autre fournisseur de contenu.
Si vous avez déjà payé pour une de ces choses, vous avez donné de la valeur à quelque chose de totalement virtuel, d’intangible… et, qui plus est, de totalement fongible (donc duplicable à l’infini).
Cette évolution de la valeur que l’on porte aux « choses virtuelles » est un élément clef pour comprendre comment certains peuvent investir de telles sommes, ou encore pourquoi de nombreux institutionnels ont les yeux rivés sur ces technologies.
Quels enjeux pour les métiers de l’immobilier de demain ?
Alors, la question est posée… Demain, est-ce que l’on aura des « crypto-agents-immobiliers » chargés de valoriser ces terrains virtuels ?
De nombreux experts de la blockchain et du métavers tendent à penser qu’effectivement, nous aurons demain des « agents immobiliers du métavers ». Après tout, il y a des gens qui achètent pour revendre en faisant une plus-value, d’autres qui cherchent à générer des revenus récurrents avec leur bien, d’autres encore qui vont simplement avoir besoin de loger leur « moi virtuel ». In fine, des situations que les professionnels de l’immobilier connaissent d’ores et déjà.
D’ailleurs, quand on se rend sur les marketplaces permettant d’acheter des parcelles sur le métavers, on peut rapidement voir les similitudes avec les portails immobiliers traditionnels. Visite virtuelle, géolocalisation du bien, distance avec les centres d’intérêt… toutes ces informations sont là pour valoriser la parcelle virtuelle. Et on peut déjà voir des annonces mieux rédigées que d’autres.
Alors, l’agent immobilier du métavers n’aura pas exactement le même métier que celui dans la vraie vie. Mais je peux tendre à penser que certaines choses seront immuables. Le côté relationnel, l’expertise, le fait de décharger les acheteurs d’un potentiel stress… toutes ces compétences resteront déterminantes, que l’on soit agent immobilier dans le monde réel ou bien dans le métavers.
Et vous, vous en pensez quoi ? Seriez-vous prêts à vous reconvertir pour vendre des terrains dans Les Sims ? Ou bien préférez-vous la pierre, bien dure et rattachée au concret du monde réel ?
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