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Avoir sa propre maison de vacances, c’est un des rêves de beaucoup de français. Seulement, on connait tous les problématiques : c’est cher à l’achat et à l’entretien. Surtout aujourd’hui, dans un contexte de crise, c’est de plus en plus compliqué de s’endetter pour une maison que l’on va utiliser entre 5% 10% de notre temps. Eric Chatry et Stéphane Buthaud proposent une solution : acheter à plusieurs!
Et un nouveau marché qui s’ouvre pour les professionnels de l’immobilier…
Vincent Lecamus : Bonjour Eric. Suite à votre présentation pour le Journée Porte Ouverte des Start-ups, je trouvais intéressant de présenter votre idée aux lecteurs d’immobilier 2.0. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Eric Chatry : Nous sommes deux entrepreneurs amis et expérimentés issus d’autres secteurs de l’économie. Nous sommes tous les deux passionnés par l’innovation web et sociale et par l’économie collaborative.
VL : Un peu de storytelling. Quelle est votre idée ? Comment l’avez-vous eu ?
EC : Le point de départ est assez simple. L’un comme l’autre, nous avons les mêmes désirs et rencontré le même problème que celui de nos clients. La même envie de devenir propriétaire d’une maison secondaire pour ne plus être locataire et voir un gros budget partir en fumée chaque année sans être chez soi. Et la même crainte qu’en achetant seul une maison secondaire, on se mette dans le rouge pour avoir quelque chose de finalement pas terrible.. et pour en plus se sentir obligé d’y aller tout le temps !
En clair, le coût d’achat et d’entretien d’une maison est disproportionné par rapport à l’usage. En moyenne, les maisons secondaires ne sont occupées que 35 jours par an. Nous disons donc « pourquoi être propriétaire à 100% d’une maison que l’on n’occupe que 10% du temps ? ».
VL : Vous vous êtes donc inspiré sur l’immobilier de l ‘économie collaborative comme l’autopartage avec Blablacar sur l’automobile ou de Airbnb sur l’hôtellerie ?
EC : Exactement. C’est la même idée du partage. Mais comme l’immobilier reste un secteur attractif et même refuge en terme d’investissement, on va plus loin que la colocation et on partage aussi la propriété.
Et cela fait du sens, car à plusieurs, deux, trois, quatre personnes ou familles souvent amies, on démultiplie l’attention, le soin et bien sûr les ressources financières pour entretenir les maison.
Et en plus, contrairement à des biens manufacturés qui se déprécient quand on les utilise, sur la pierre, c’est l’inverse : c’est quand les maisons sont vides comme aujourd’hui qu’elles s’abîment et perdent de la valeur ! Et avec 10% de temps en moyenne d’occupation, il y a bien de quoi optimiser tout cela sans contrainte !
Acheter à plusieurs est donc un investissement malin… surtout si on économise beaucoup d’intérêts d’emprunt, qu’on divise les charges, qu’on achète au prix du marché et qu’on ne paie pas d’intermédiaire pour gérer la maison à sa place.
VL : Pouvez-vous nous en décrire le fonctionnement?
EC : En s’inscrivant sur Jerevedunemaison.com, l’internaute crée son profil, indique son budget, décrit ses goûts, ses envies…bref, son projet. Il « like » ses maisons favorites et découvre d’autres membres qui ont les mêmes goûts que lui. Le bon appariement est évidemment quand les profils sont proches mais aussi quand l’usage est complémentaire entre l’usage week-end et vacances pour les familles.
Par exemple, prenons une famille parisienne, pourquoi ne pas acheter avec un ami ou ami d’ami Rennais une maison à St Malo, un Bordelais une maison à Arcachon. Ou bien jouer sur les zones scolaires A, B et C pour un appartement au ski.
Sur Jerevedunemaison.com, on peut donc trouver de belles maisons, mieux que ce qu’on aurait pu s’offrir seul, mais aussi des gens avec qui acheter et occuper à tour de rôle la maison tout au long de l’année. C’est la partie « Meetic » du concept, un peu comme un site de rencontre, mais avec une dimension virale forte. On va ainsi inviter en premier lieu ses amis à s’inscrire sur le site et découvrir qui parmi eux aurait envie de la même chose. C’est d’ailleurs une vraie aide, car ce n’est pas facile dans la « vraie vie » de présenter ce type de projet à ses amis et de savoir avec qui acheter.
In fine, les candidats à l’achat à plusieurs se rencontrent « pour de vrai » avant l’achat, notamment lors de la visite et nous sommes là pour les accompagner.
VL : Vous n’avez donc pas qu’une offre sur le web ? Vous accompagnez donc les co-acheteurs dans la « vraie vie » ?
EC : Oui, bien sûr, c’est le deuxième aspect fort du concept. Nous aidons à concrétiser leur projet et à se mettre d’accord sur tous les aspects du partage : faut-il privatiser des espaces ? Comment gérer les décisions, les dépenses, les tâches, l’agenda ? … et même la revente de parts. Beaucoup de sujets qui ne sont pas si simples à régler seul et risqués si on en fait l’impasse. Nous proposons cette médiation dans le cadre d’ateliers qui se déroulent avant l’achat entre les co-acheteurs. Ce processus très utile, même entre gens qui se connaissent, débouche sur une convention d’usage réalisée sur mesure pour chaque future copropriété.
Par ailleurs, pour simplifier la vie de nos acheteurs, nous proposons aussi un accompagnement juridique pour créer une SCI et assurer les formalités administratives. Tout est cadré, clair et simple pour un coût optimisé et très raisonnable : environ 2% de l’achat de chaque part de SCI. Pour l’acheteur, le « retour sur investissement » se fait donc en quelques mois par rapport à un achat seul. Après l’achat, nous accompagnons aussi les nouveaux copropriétaires sur la durée. Ils n’ont plus qu’à profiter en toute tranquillité de leur maison.
VL : D’accord, du coup, vous travaillez avec des agences, des agents ? De quelle manière ?
EC : Les agences sont nos partenaires. Nous travaillons avec 15 d’entre elles aujourd’hui, et nous passerons à 30 d’ici fin 2013 et 100 dans 1 an. Nous avons la carte T car nous intervenons dans la transaction, et nous sommes ainsi complémentaires des agences et non pas concurrents.
Chacun joue son rôle. Notre métier, c’est de créer une expérience utilisateur de premier plan sur le web pour ceux qui rêvent de maison de campagne ou de vacances, de leur permettre de trouver le « bon » co-acheteur et de sécuriser juridiquement leur achat à plusieurs pour que tout se passe bien. Par exemple, nous ne faisons pas les visites ni la négociation, car c’est le métier des agents. Et comme notre concept permet de développer le marché et de créer de nouvelles transactions réalisées par des personnes qui ne seraient pas passées à l’acte d’achat, tout le monde est gagnant. A commencer par les acheteurs.
Du coup, nous sélectionnons les agents partenaires, les maisons et faisons de l’inter-cabinet. C’est la partie la plus simple, classique même. C’est la SCI en cours de constitution qui achète. C’est transparent pour l’agent ou le propriétaire.
Les notaires sont aussi très intéressés par nos services, notamment pour la cible des maisons de famille en indivision où les copropriétés entre membres d’une même famille pourraient avantageusement passer sous le format SCI et convention d’usage proposé par Je Rêve d’une Maison. Car cette solution permettrait d’apaiser les tensions tout de suite et faciliterait la revente de parts à d’autres amis ou membres de la famille lors d’une succession et éviterait d’avoir à vendre toute la maison, en bradant au passage parfois des souvenirs de famille ! Avec cette solution, les propriétaires d’une maison de famille peuvent donc passer facilement d’une copropriété « subie » et parfois bloquée à une copropriété « choisie » et dynamique !
VL : Quelle est la valeur ajoutée pour eux de travailler avec vous ?
EC : C’est évidemment d’abord un intérêt business. C’est de développer des ventes additionnelles sans risque. Le seul risque, c’est de vendre ! Et sans doute mieux d’ailleurs, ce qui est assez normal quand on pense que les coacheteurs pourront avoir une maison plus belle que seul et pour 50% ou 70% moins cher au final !
Le référencement est d’ailleurs gratuit sur notre plateforme contrairement aux sites portails classiques, mais nous choisissons les partenaires les plus innovants et assurons la promotion du concept et du contenu sur les réseaux sociaux, le web et les médias. Nous pouvons faire des partenariats de confiance et dans la durée car nous avons des intérêts convergents et des compétences complémentaires.
Pour illustrer cela, nous commençons déjà à mettre des boutons « acheter à plusieurs » sur les sites internet d’agents qui pointent sur Jerevedunemaison.com. Nous les aidons aussi à réaliser des newsletters ou campagnes mails pour présenter cette nouvelle possibilité aux contacts de nos agences partenaires. Tout le monde est gagnant.
L’autre intérêt est d’être à la pointe de l’innovation sur l’immobilier et de trouver les bonnes idées pour réinventer le métier ensemble. La nouvelle génération de futurs propriétaires a 30-35 ans est née avec internet et a grandi avec Google et Facebook : elle est aussi beaucoup plus décomplexée sur la notion de propriété et de partage que les propriétaires actuels. Elle subit aussi la crise et se trouve dans une impasse pour accéder à la propriété secondaire, et même souvent en principal. L’investissement locatif ne les fait pas rêver car il n’y a pas de valeur d’usage et ne répond pas à leur problème. Il leur faut donc être plus malins et le partage que l’on propose avec – Jerevedunemaison.com est une alternative optimale qui combine la dimension patrimoniale et la dimension qualité de l’expérience.
Le partage représente pour nous le futur de l’immobilier et ce qu’on croit être des limites ne sont en réalité qu’imaginaires. En se libérant de l’obsession de la propriété unique, on augmente fortement le champ des possibles. Les mentalités évoluent d’ailleurs très vite et nous ne sommes qu’au début de ce mouvement. Et si démarrer sur les maisons secondaires fait du sens car le marché est intrinsèquement malade, ce n’est que le prélude de grandes transformations positives à venir dans l’immobilier. Réinventons le viager par exemple par le partage intergénérationnel, développons l’habitat en partage sur le principal, la colocation longue durée…
VL : Vous avez présenté une approche lean start-up pour monter votre projet. Quels sont pour vous les avantages du lean start-up en deux mots ?
NDLR : Le Lean Start-up est une méthode qui permet de résoudre le trio cible/problème/solution de manière itérative, en allant rencontrer ses futurs clients. Cette méthode permet ensuite une amélioration continuelle, sur les bases de ce que nous ont appris les japonais avec le « lean manufacturing » de Toyota.
EC : Le lean, c’est une méthode et c’est surtout une attitude. Etre proche de sa cible et fonctionner par itérations successives à partir d’hypothèses de travail. Etre souple sur l’exécution mais garder la vision. Écouter ses clients, identifier leurs problèmes, proposer une solution, et encore écouter jusqu’à trouver la bonne recette. Aller vite sur une première solution plutôt que de passer trop de temps à chercher le service parfait et complet. Avec l’approche lean, on apprend aussi à poser les (bonnes) questions et toujours et surtout à écouter ses clients afin de parfaire son service.
VL : Du coup, vous avez du apprendre beaucoup de choses en allant rencontrer le client. Quels sont les prochains changements que vous sentez (ou souhaiteriez voir) venir pour les prochaines années?
EC : Pour nous, la qualité de l’expérience utilisateur sur les sites immobiliers doit être remise au premier plan, ce qui n’est pas forcement compatible avec les sites d’annonces immobilières purement média où l’on paie pour être visible ni avec les sites d’agences généralistes. Nous voyons notamment de fortes possibilités de marier la dimension tourisme et découverte de territoire avec la recherche immobilière dans le secondaire.
Cela doit aussi absolument passer par une montée en gamme de l’expérience visuelle des sites immobiliers, avec plus des photos de grande qualité (plutôt d’ailleurs que des vidéos), comme de l’éditorial, trop souvent d’assez faible qualité.
Nous croyons aussi à l’évolution inéluctable vers l’open data et la mutualisation des données de transaction. Cela va d’ailleurs créer de véritables territoires vierges d’innovation dont les acheteurs seront les premiers grands bénéficiaires.
VL : Enfin, le site est très bien réalisé et réellement ergonomique. Quelles ont été (et sont) vos sources d’inspiration ?
EC : Nos inspirations proviennent surtout des US ou d’Australie où certains sites web sont vraiment tournés vers l’utilisateur. On pense par exemple aux sites suivants :
- Airbnb évidemment pour la qualité d’expérience utilisateur et les photos
- Houzz pour l’idée simple mais tellement bien exécutée de mettre en relation des gens en dynamique projet de rénovation avec des professionnels
- Zillow bien sûr, incontournable et qui a déjà « inspiré » beaucoup de sites en France avec son estimateur de prix le Zenstimate
- Trulia avec le Trulia Suggest et ses infographies géniales
- Nestio ou Buyfolio (qui a récemment été acheté par Zillow, ndlr) sur la partie collaborative
- Rentenna pour l’idée de scoring global de maison
- Brightnest pour la partie animation éditoriale d’une communauté de propriétaires
- Roomz pour la partie profil
- Doorsteps pour la dimension humaine et la qualité d’exécution
VL : Le mot de la fin ?
Vous êtes agent immobilier, notaire, architecte, promoteur… ? Le projet vous séduit, vous êtes passionnés et vous avez envie d’innover ? Dans ce cas, appelez nous et travaillons ensemble ! Tout est à inventer dans cette nouvelle économie.
Si vous souhaitez en savoir plus sur jerevedunemaison, n’hésitez pas à contacter Eric au 01 78 90 26 09 ou aller visiter directement leur site
Que pensez-vous de ce concept? A-t-il de l’avenir?
Bonjour, pouvez-vous m’expliquer un peu plus en détails ce qu’il faut faire merci
Hi – Io sono di http://www.roomz.com. Mi dispiace per il mio terribile francese! E ‘bello vedere che siamo stati in grado di ispirare parte di questo da tutta la strada in Australia. Jerevedunemaison.com sembra una grande idea. Buona fortuna!
Salut – Je suis de http://www.roomz.com. Désolé pour mon mauvais français! Il est bon de voir que nous étions capables d’inspirer une partie de cette de tout le chemin en Australie. Jerevedunemaison.com sonne comme une bonne idée. Bonne chance!
Bonjour, pourquoi ne penser que « maison de campagne » ? On a aussi besoin d’habiter tous les jours, pourquoi pas à plusieurs ? Salutations… d.lisle
Tres tres belles idees! Ce sont ces initiatives qui permettront A chacun de trouver sa chance et de vivre dans les meilleures conditions. L’initiative de Natacha Baudier m’a beaucoup plus aussi avec son concept jeu-concours « une maison pour 10 euros ». C’est A la fois un moyen d’acceder A la propriete pour un cout de 10 euros et un moyen pour elle de ne pas casser le prix de sa maison malgre la crise. J’espere qu’on pourra tous en faire autant A l’avenir. Si vous voulez jetez un coup d’oeil, ou meme faire article sur la question, je pense que vous trouverez toutes les informations sur leur site http://www.house-for-10-euros.com. Je vous souhaite une bonne continuation1