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Le 8 novembre s’est tenue l’ouverture du salon RENT (Real Estate & New Tech) à Porte de Versailles. Dédié aux professionnels de l’immobilier, le salon RENT met en avant les nouvelles technologies pour permettre aux exposants de parler de l’avenir de la Proptech. Étiez-vous présents pour cet événement ? Sinon, pas de panique, nous n’avons pas manqué ce rendez-vous ! Nous vous avons d’ailleurs préparé le compte-rendu de la toute première conférence du salon, à portée internationale, qui oppose différentes perspectives sur les marchés Proptech.

En effet, ce mardi 8 novembre à 10 h 30 s’est déroulée la conférence « Regards croisés sur les différents marchés Proptech internationaux » animée par la journaliste Stéphanie de Muru. Quatre intervenants issus de fonds d’investissements ou de sociétés de conseil dédiés à la Proptech ont échangé sur les dernières évolutions du marché et les perspectives à venir pour les marchés européens, mais également le marché US.

Voici les différents intervenants de cette conférence :

  • [ ] Mathias Flattin, VC associate chez Axeleo Capital, est spécialisé sur le marché français;
  • [ ] Natasha Terinova, directrice de REACH UK  / Second Century, est spécialisée sur le marché UK;
  • [ ] Victor Lund, PDG Re Technology et managing partner de WAV Group, est spécialisé sur le marché US;
  • [ ] Bertrand Martin, directeur général de Casavo, est spécialisé sur le marché français et italien.

La tendance actuelle du marché

Il y a cinq ans de cela, un intérêt surprenant pour la Proptech s’est propagé en Europe, nous venant tout droit des États-Unis. La technologie immobilière a connu un essor fulgurant en 2018. Cependant, avec la pandémie, les intervenants ont observé unanimement un léger ralentissement de son expansion. Il faut dire que les conditions actuelles du marché ne sont pas au beau fixe et que les problématiques ESG et de régulations attirent grandement l’attention. En Europe, ils observent que trois marchés ont le monopole de la Proptech et captent 60 % des investissements dans le secteur : l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.
 
Dans la hiérarchie des investissements, le classement est le suivant :

  • La Fintech attire le plus d’investissements.
  • Les transactions en immobilier prennent la deuxième place.
  • La Contech prend une place de 15 %, et c’est une tendance que l’on va voir grandir d’après les estimations.

Aux États-Unis, les gouvernements ont baissé les taux d’intérêt de manière éphémère, ce qui n’a pas réussi à effacer les ravages de leur précédente croissance fulgurante. Et avec la baisse des revenus, Victor Lund (WAV Group) a observé une diminution des investissements au sein de la Protech. Les marchés européens et étatsuniens se ressemblent dans cette tendance, mais pour autant, les quatre professionnels partagent la même vision optimiste et intéressée sur le sujet.

L’intérêt qui se maintient pour les acteurs présents

Et chacun a sa manière d’investir ou d’acquérir, selon ses critères. Appuyé par des experts vérifiant la qualité de ses transactions, Axeleo Capital investit encore à l’heure actuelle dans des startups de la Proptech à des stades précoces. Selon lui, l’innovation est nécessaire au sein du secteur immobilier, qui doit s’adapter aux nouveaux moyens de travailler et de consommer des Européens suite à la pandémie.  
 
Bertrand Martin, directeur général de Casavo, s’oriente beaucoup vers les startups innovantes, notamment en matière d’énergie en ce qui concerne le marché français.

Natasha Terinova, directrice de REACH UK / Second Century, est regardante de la diversité et de la parité des sociétés dans lesquelles elle accepte des fonds. Elle est heureuse de voir des femmes à la tête d’entreprises innovantes – bien que ce critère ne soit pas systématique. Sa vision s’oppose à celle de Victor Lund, qui ne se préoccupe que du potentiel des startups, n’accordant sa confiance qu’à celles qui résolvent un vrai problème du secteur immobilier, et qu’il juge capables de faire évoluer le marché. Un état d’esprit effectivement très américain !

Des perspectives optimistes : vers une évolution de la Proptech

À l’origine, lors de l’expansion de la Proptech, une question s’est posée pour les professionnels immobiliers, notamment aux États-Unis : ils avaient toujours généré du chiffre sans avoir besoin de faire appel à la technologie, surtout pour de longs cycles de vente comme les leurs. Alors, pourquoi changer leurs habitudes et pourquoi innover ? Vous vous êtes peut-être posé la question aussi à un moment donné.
 
L’immobilier est un secteur qui a intégré assez lentement le digital dans son processus de vente. La réponse est simple : depuis les confinements, de nouvelles méthodes de travail, d’achat, de vente ont émergé. On pense notamment à la croissance du télétravail, à la banalisation des rendez-vous par Teams ou autres systèmes de visioconférence, désormais intégrés dans les pratiques commerciales.
 
Aux États-Unis, on n’avait pas besoin de lutter pour avoir un beau portefeuille de biens, mais la concurrence s’est accrue, et surtout, la crise est passée par là, comme partout ! On peut également citer comme argument la montée en puissance des thématiques ESG au cœur des problématiques d’entreprises.

Une croissance de l’intérêt des critères ESG et de nouvelles opportunités pour l’immobilier

NDLR : les critères ESG sont les piliers de l’investissement responsable et du développement durable. cf 👇

Esg

 Les principaux moteurs pour intégrer la thématique ESG au sein de l’immobilier sont les suivants :
–       Il existe beaucoup de fonds d’investissement et de types de financements possibles;
–       Les prospects sont désormais préoccupés par le climat;
–       Les réglementations se durcissent.

Le développement durable s’impose dans la réalité du consommateur et le secteur d’immobilier est touché par cette tendance. Surfer sur la vague verte représente une opportunité pour le secteur. Tenir compte de ce sujet est de toute façon une nécessité avec le renforcement de la réglementation en la matière – qui ne touche toutefois pas autant le Royaume-Uni, selon Natasha Terinova. En France, certaines entreprises vont plus loin. L’environnement est l’investissement d’aujourd’hui et de demain. Qualité et innovation sont les notions clés de ce nouveau défi que s’impose le monde de l’immobilier, afin d’être en accord avec les aspirations sociétales. De plus, les entreprises et les résidents sont maintenant soucieux de l’environnement.

Mathias Flattin intègre d’ailleurs un contrôle ESG dans son portfolio, avec des questions telles que : souhaitez-vous la parité ? Quelles sont vos émissions carbone ? Selon lui, les critères ESG constituent l’avenir de l’immobilier et de la Proptech.

Le consommateur : levier important de l’écosystème

Selon Mathias Flattin, VC associate chez Axeleo Capital, le marché évolue en fonction des clients et de leurs perspectives. Ce n’est pas l’entreprise qui a ce pouvoir. C’est aussi le client qui souhaite mobiliser davantage le digital dans sa recherche, dans l’espoir de la faciliter. Devenir propriétaire est un chemin long et difficile à parcourir. 
 
À ce niveau, deux points de vue s’affrontent, car pour Victor Lung, c’est bien aux professionnels de convaincre les consommateurs de l’importance du digital et des problématiques ESG, une thématique qui fait moins facilement son chemin aux États-Unis.
 
Les intervenants tombent toutefois d’accord sur le fait que les consommateurs veulent qu’on leur propose de nouveaux moyens pour acheter. Une insatisfaction et une frustration globale se font sentir, autant côté acheteur que côté vendeur, sur le processus long et éprouvant que représente l’achat ou la location. Il faut y trouver des solutions. Natasha Terinova voit en la Proptech une très grande opportunité pour raccourcir la durée des transactions, qu’on estime à environ 150 jours en moyenne.
 
Ce qu’il faut retenir de cet échange, c’est que les problématiques ESG et climatiques sont au cœur des préoccupations en Proptech et en immobilier ! En effet, 8 investisseurs sur 10 veulent augmenter leur investissement en matière d’ESG et de climat.
 
Pour Bertrand Martin, approuvé par son confrère américain, les thématiques ESG et climatiques représentent autant un risque qu’une opportunité en Europe. La réglementation en matière augmente chaque jour à l’instar des attentes des consommateurs. Il faut répondre à ce besoin croissant et se considérer comme responsable dans l’éducation du client et du marché en la matière.
 
Les États-Unis, bien que grands pollueurs, effectuent beaucoup d’investissements en économie d’énergie et ont conscience des enjeux climatiques. Ils souhaitent une participation plus poussée des gouvernements à ces investissements, et surtout en réglementation. Le télétravail est déjà un bon point de départ dans la réduction de l’utilisation des véhicules. Pour finir, il est nécessaire que les startups continuent de proposer des innovations en matière d’immobilier. Changer de modèle est un risque à prendre. En cela, la Proptech a un bel avenir devant elle, alors gardez l’œil ouvert, d’autres comptes-rendus sur le salon et les prochaines innovations arrivent !

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à propos

Article rédigé par Vincent Lecamus

Passionné par l'innovation, Vincent est en veille constante pour dénicher les technologies et tendances qui vont impacter le secteur immobilier. Quand Vincent n'est pas occupé comme journaliste sur Immobilier 2.0, il développe de nouveaux projets entrepreneuriaux et coach des ... Lire la suite

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